L’équipementier sportif Tecnifibre concrétise sa démarche de décarbonation

Découvrir le témoignage de Lou Adler, responsable RSE de Tecnifibre

Lou Adler a témoigné dans le guide « Décarboner sa TPE/PME », que nous avons produit pour Axa Prévention.

Par quoi avez-vous commencé votre démarche de décarbonation ?

Nous avons réalisé un Bilan Carbone® grâce au dispositif Diag Decarbon’action*. Nous avons très rapidement compris les ordres de grandeur de notre impact : 90% vient de notre activité manufacturière (principalement en Asie) dont 83% de l’extraction et de la transformation de nos matières premières. En parallèle de la finalisation de notre Bilan Carbone®, nous avons travaillé à lier ces résultats à des leviers très concrets : nous avons mis en place pour chaque zone d’impact des actions à court, moyen et long termes ; qui vont des “quick wins” à de véritables changements en profondeur.

Nous avons aussi mené un gros travail de sensibilisation des équipes. Nous avons déployé des ateliers 2 Tonnes auprès des collaboratrices et collaborateurs du siège, et mis en place des déjeuners RSE avec toute l’entreprise pour échanger de manière transparente sur cette thématique.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Nous sommes engagé.es dans la démarche ACT Pas-à-Pas avec le cabinet Carbon Cutter (ex-Magelan), qui vise à se fixer des objectifs de décarbonation et détailler les moyens à mettre en œuvre pour les atteindre. C’est un travail structurant et long, c’est pourquoi nous lançons aussi en parallèle des projets plus concrets. Par exemple, nous passons de 0% en 2023 à 50% de nos références fabriquées à partir de matières recyclées au sein de notre gamme textile en 2024.

Les employé.es ont aussi constitué des groupes de travail pour mener des actions au niveau de notre siège. Cela a permis par exemple la mise en place d’un forfait mobilité durable et du covoiturage sur toute notre zone d’activité via une application. Cela crée une dynamique positive, indispensable pour préparer les importants changements à venir.

Quels bénéfices en tirez-vous ?

En interne, les employé.es sont fier.es de ce que nous mettons en œuvre et content.es de s’impliquer dans les différents groupes de travail. En externe, il est encore un peu tôt pour tirer des bénéfices, nous ne sommes qu’au début de la démarche.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Il est difficile de changer ! Tecnifibre a connu un très fort développement depuis plusieurs années et il n’est pas si simple d’intégrer cette nouvelle dimension environnementale dans notre mode de fonctionnement et notre modèle économique. Il y a aussi une augmentation des réglementations liées à la RSE.

C’est une très bonne chose mais, en tant que petite structure, il nous faut trouver le bon dosage entre répondre aux réglementations et travailler concrètement sur nos impacts.

De quelle action êtes-vous la plus fière ?

Nous avons lancé en 2024 X-Loop, le premier t-shirt technique 100% recyclé et recyclable fabriqué à partir de chutes de cordages de tennis en polyester. C’est une initiative à la croisée des chemins : on part de notre cœur d’expertise (le cordage), pour aller vers une catégorie qui prend de plus en plus de place chez nous et qui, à périmètre comparable, est la plus émettrice de CO2 (le textile).

Jusqu’à maintenant, le cordage usagé n’était ni collecté ni revalorisé. Nous avons mis en place des points de collecte dans 20 magasins et auprès de nos tournois partenaires, ce qui nous permet également de sensibiliser les joueuses et joueurs à des comportements plus responsables dans leur pratique au quotidien.

Nous avons des axes d’amélioration sur ce projet. Par exemple, notre partenaire qui assemble nos tissus se situe au Maroc, et nos t-shirts contiennent un pourcentage de polyester recyclé issu de bouteilles en plastique car nous ne collectons pas encore assez de volume de cordage. Dans l’idéal, nous aimerions augmenter la collecte et rester en circuit court.

Qu’est-ce qui a été clé dans la réussite de cette démarche environnementale ?

Tout d’abord, l’ADN de Tecnifibre ! Relever de nouveaux défis, avec humilité mais détermination est au cœur de nos pratiques. Ensuite, la gouvernance est clé. En tant que responsable RSE, je suis membre du Comité de Direction. Il faut pouvoir échanger facilement et directement avec les décisionnaires de l’entreprise pour que les choses évoluent.

Enfin, la sensibilisation de l’ensemble des collaboratrices, collaborateurs et de nos partenaires que nous menons depuis le début est déterminante. Nous avons abordé le sujet par le constat mais aussi et surtout en expliquant le rôle que l’on avait à jouer, le devoir en tant qu’entreprise de prendre part à ce défi collectif.

Quels conseils donneriez-vous à une PME qui souhaite se lancer ?

Ce n’est pas une démarche facile, c’est sûr, mais il faut y aller. Au-delà de l’urgence à agir pour notre bien commun à tous, je suis convaincue que l’entreprise en sortira gagnante car le coût de l’action est bien moindre que le coût de l’adaptation à l’inaction.