Pierre-Louis, de la finance au climat
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Ça va bien merci ! J’ai appris aujourd’hui que l’Allemagne se retirait du Traité sur la Charte de l’Énergie, ce qui est plutôt une chouette nouvelle pour le climat et une bonne façon de commencer la semaine.
Chez Carbon Cutter, je suis consultant climat.
En dehors, je passe mon temps à faire de la musique (si vous vivez à Paris je vous conseille la jam de l’association Musique Pour Tous) et du sport (objectif triathlon au printemps prochain) sans oublier les traditionnelles bières avec les copains le week-end.
Je pense que le point de départ se situe autour de deux évènements : une discussion et la lecture d’un livre.
Été 2019, je me balade dans les calanques de Marseille et je discute avec une amie qui me parle de collapsologie, du fait que notre génération sera directement touchée par les conséquences du réchauffement climatique et qu’il y a urgence à repenser notre modèle social et économique pour éviter la catastrophe. Elle m’explique que les canicules de 45 jours en France et l’insécurité alimentaire généralisée sont des phénomènes qu’on pourra observer de notre vivant si rien ne bouge. Ça, c’était la première claque.
Quelques mois plus tard, je décide de creuser le sujet en me plongeant dans Comment tout peut s’effondrer de Pablo Servigne. Ça, c’était la deuxième claque. Je comprends l’ampleur du défi, le fait qu’on ne fonce pas dans un seul mur mais dans 10 à la fois et qu’on appuie chaque année un peu plus sur l’accélérateur. Au moment où je lisais ce livre, le Covid faisait son apparition en France et le confinement national fut ensuite décrété. Ça m’a marqué parce que Pablo Servigne parle dans son livre de la multiplication des zoonoses (maladies infectieuses qui passent de l’animal à l’homme) comme conséquence possible de l’empiètement de l’Homme sur l’espace sauvage. Le parallèle était saisissant.
En 2021 tout s’accélère, je m’engage dans des projets associatifs et notamment en tant qu’animateur de La Fresque du Climat et évaluateur au sein de Team for the Planet (Time for The Planet à l’époque). Je lis les bouquins de Jancovici, Guillaume Pitron, Jean Jouzel et les rapports du GIEC. Je me rends compte que j’adore parler climat et transmettre les (quelques) connaissances que j’ai pu accumuler sur le sujet.
En parallèle, je suivais un cursus spécialisé en finance et école de commerce. J’ai choisi cette voie parce que j’aimais beaucoup les maths et puis je pense aussi que j’étais attiré par les niveaux de salaires élevés à la sortie. Plus le temps passe, plus l’écart entre ce que j’aime faire et ce que je fais dans mes stages m’apparait (coucou la dissonance cognitive). C’est l’époque des présidentielles, à la télévision le décalage entre le discours de certains candidats et le discours scientifique m’effraie et m’agace. J’ai envie d’agir, de faire bouges les choses. Mon stage de fin d’études se termine et je me dis que c’est le moment de changer de voie pour me consacrer professionnellement aux problématiques climat. C’est là que j’ai eu la chance de rencontrer la fine équipe de Carbon Cutter.
En tant que consultant climat, je commence par calculer et analyser l’empreinte carbone de l’entreprise pour comprendre quelles sont les activités les plus émissives (chauffer les bureaux, se déplacer, acheter du plastique…). Une fois que le constat est dressé, on passe du temps avec l’équipe dirigeante ou les responsables RSE de l’entreprise pour construire une stratégie et un plan d’actions à la hauteur des enjeux. C’est souvent une phase super intéressante où on organise des discussions et des ateliers afin de permettre aux personnes en interne de se saisir du sujet. On s’assure ainsi que les choses vont bouger une fois qu’on ne sera plus là.
Ce que j’aime dans ce métier c’est la diversité de clients à laquelle on fait face. En ce moment, je travaille avec une entreprise dans le textile – on ne s’imagine pas l’impact du traitement ignifugé sur le coton – et une entreprise qui travaille dans la restauration du patrimoine – avec eux on parle de pierre de taille, de bronze, d’espagnolettes et de fenêtres louis XIV, c’est un vrai voyage à travers les époques ! On regarde chaque entreprise sous le prisme des flux physiques que son activité induit. Cela implique de comprendre l’activité, la manière dont chaque produit est fabriqué, transformé, transporté. Ce qui est marrant c’est que ça a une influence sur mes choix de consommation dans ma vie personnelle. Une fois que tu connais le nombre de procédés et la quantité de matière nécessaire à la fabrication de ton jean tu réfléchis à deux fois avant d’en acheter un neuf.
Quand je ne contribue pas à des missions de conseil, je travaille sur certains sujets en interne. J’ai développé des outils digitaux qui nous permettent d’automatiser certains process et calculs (c’est mon côté matheux ça). Mon expérience en finance m’a notamment permis de développer un outil qui nous permet d’analyser plus rapidement certaines dépenses de l’entreprise et d’associer ça à une empreinte carbone.
En bref, je suis heureux d’avoir fait ce choix et de faire ce métier. Et le gros bonus c’est que j’ai des collègues super cools (ils m’ont même offert 2 places de théâtre pour mon anniversaire).
J’ai l’impression que la plupart des gens de mon entourage sont de plus en plus sensibles aux problématiques climats. Mes potes d’école se posent beaucoup de questions sur leur vie personnelle et leurs pratiques quotidiennes (végétalisation de l’alimentation, suppression des voyages en avion, etc.) mais aussi dans leurs vies professionnelles : est-ce que mon entreprise et mon métier vont dans le bon sens et sont au bon niveau vis-à-vis de la transition ? Je suis loin d’être le seul à m’être orienté sur ces sujets après mes études, j’ai même une amie qui vient d’entamer une thèse sur la décroissance !
C’est toujours motivant de voir que ça avance, que les consciences évoluent. Même si je suis sûrement un peu biaisé, j’ai l’impression qu’on finit toujours par côtoyer des gens avec lesquels on partage certaines valeurs ou opinions.
Je pense qu’on sous-estime la capacité d’action et l’impact d’un seul individu. C’est évident que le climat est un problème collectif qui requiert des actions à grande échelle mais ça ne veut pas dire que l’individu seul ne peut rien. Il y a un travail d’influence qui peut être fait au sein de l’entreprise. On le voit chez nos clients, lorsqu’une personne est engagée sur les sujets climatiques il n’est pas rare qu’elle provoque des déclics au sein de ses collègues. Ce type de mécanisme peut faire changer une structure si elle atteint des personnes ayant une influence forte sur la stratégie de l’entreprise.
Ensuite, il y a toujours l’option de déserter si on considère que l’activité de l’entreprise n’est pas compatible avec la transition écologique. Une entreprise qui perd ses talents où n’arrive plus à recruter finira par s’aligner avec certains critères environnementaux (ou du moins essayera de s’aligner).
Au-delà de ça, il y a mille manières de contribuer à la transition sur le plan professionnel. Bien sûr, on peut travailler de manière directe sur les problématiques climat ce qui est absolument passionnant si on aime ces sujets (cabinets de conseil, recherche, ONG…). Mais on peut aussi décider de travailler pour certains secteurs stratégiques (énergie, transport, agriculture) en allant chercher les entreprises qui s’alignent avec les objectifs climatiques ou qui ont une activité essentielle à la transition. Là, le champ des possibles est très vaste : ça va du fabricant de vélos au producteur d’énergie bas-carbone.
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